Souvenez vous , c’était en septembre 2017, face à des milliers de responsables de la diaspora et d’Arménie, le catholicos Aram Ier de la Grande Maison de Cilicie prévenait des dangers qui guettait la nation arménienne par cette phrase lapidaire : « l’Arménie se vide, la diaspora s’épuise ».

Plus que jamais les journées euphoriques que nous venons de vivre en direct nous donnent l’occasion de réfléchir aux nouvelles priorités d’une cause arménienne en mutation. N’en déplaise à leurs fans, le peuple n’a pas eu besoin de faire venir un Charles Aznavour ou un Serj Tankian pour obtenir gain de cause. Pas d’homme providentiel donc ; mais une commune volonté populaire aura eu raison de l’impératif de justice sociale et de respect de l’Etat de droit. Deux principes qui devraient figurer en tête de l’agenda de la cause arménienne

S’il est encore trop tôt pour dessiner la configuration de la future vie politique arménienne , force est de constater que le dynamisme de la société civile a encore une fois jeté un coup de vieux sur une diaspora encore trop marquée par de vieux réflexes conservateurs et pusillanimes.

Comme en 1988, des notables et des responsables de la diaspora ont été dépassés par leur frilosité et leur absence de vision ; s’agrippant derrière le sempiternel argument de l’impératif de stabilité de sécurité nationale.

Mais c’est vite oublier que la captation par ce régime de l’ensemble des ressources, le mépris ahurissant pour l’intérêt général ont eu raison de l’hémorragie démographique en cours et de l’affaiblissement du pays.

Ce 23 avril, l’histoire s’est accélérée comme pour rattraper le temps perdu. Passée l’ivresse de la victoire, on a envie de se dire : et demain que se passera t il ?

Une fois de plus, la jeunesse et le dynamisme de cette société civile qui n’existait pas encore en 2008 a montré sa responsabilité, sa maturité mais aussi sa créativité. Elle a aussi donné un coup de vieux à cette diaspora traditionnelle arrimée au « tout mémoriel », ce poison aux funestes conséquences.

On ne pourra hélas dire de même pour l’opposition politique, l’absence criante de cadres et de responsables en mesure d’offrir une alternative digne de ce nom. Aussi dès demain, il faudra se mettre au travail, éviter la gueule de bois. Travailler dur pour rétablir la souveraineté du peuple et participer à la construire d’un Etat qui jusque-là était synonyme d’oppresseur.

Cela passera par l’élaboration d’une nouvelle loi électorale et une participation inclusive de toutes les bonnes volontés animés par une vision et une perspective porteuse se de sens

Si elle ne veut pas jouer le rôle de spectateur passif ou se fossiliser dans le seule devoir de mémoire, il revient à la diaspora doit prendre le train du XXI e siècle en marche, quitter cette posture courtisane, embrasser la modernité sans tourner le dos au passé.

Tachons d’être digne de cette jeunesse qui nous montre un chemin qui, s’il est pavé d’embuches nous permet de rester ancrés dans le présent.

Tigrane Yegavian 



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